Tu sais que tu es un routard en 2020 quand :
En 2020, les courses sur route ont pris cher. Alors que la saison sur piste a réussi à avoir lieu (tardivement certes) et que tous les pistards mort de faim ont pu se nourrir (et pour les plus heureux à mettre du gras sur Bases Athlé), les amateurs de bitume, eux, n’ont presque rien à se mettre sous la dent.
Annulations en pagaille, grands rendez-vous reportés, courses réservées aux Élites… les « routards » comme on aime les appeler, doivent être à l’affût de la moindre information sur une course à saucisson maintenue pour pouvoir goûter au plaisir si particulier d’accrocher un dossard sur leur maillot. Et peu importe s’il faut pour cela courir avec un masque au menton pendant dix bornes.
Les yeux rivés sur Klikego, les chaussures carbone rangées dans le sac, la ceinture cardio déjà autour de la poitrine, la Garmin activée au poignet : ils sont prêts à dégainer à tout moment.
Tu sais que tu es un coureur sur route en 2020 quand…
- Tu cours pas
- Tu as fait 2 prépas marathon POUR DES PRUNES mais tu es prêt à t’en taper une troisième si tu apprends qu’un marathon est maintenu
- Tu vas de déception en déception en voyant les annulations successives
- Tu te demandes pourquoi tu t’es acheté ces foutues Alphafly
- En plus tu n’arrives pas à courir avec
- Tu as participé à toutes les courses virtuelles possibles et imaginables depuis le confinement. Oui même la Tiger Race. Bordel.
- Tu as triché à toutes ces compétitions en courant en descente.
- Ou en les faisant à vélo (Vincent Guyot nous listera tous les moyens possibles pour tricher à une course virtuelle)
- Tu avais réservé un train pour le marathon de Metz. Tu en étais arrivé là.
- Tu passes tes nuits sur Klikego. Bases Athlé tu as arrêté, tu ne trouvais pas les infos.
- Tu t’entraînes à courir avec un masque sur le nez. Et à le retirer rapidement. En mode transition triathlon
- Tu as allumé un cierge pour que les France de 10km à Saint Omer soient maintenus.
- Tu as racheté une boîte d’épingles à nourrices pour être sûr d’en avoir le jour J.
- Tu as même pris une ceinture porte dossard au cas où (ça c’est non)
- Tu ne comptes plus les tempo run de 20 bornes que tu t’es enchaîné week-end après week-end pour évacuer ta frustration
- Tu t’es aligné sur un meeting sur piste cet été. Sur un 5000. Tu as détesté.
- Pour l’occasion tu as quand même couru en Next. Tu t’en fous que ce soit interdit. Hors de question pour toi de mettre des pointes.
- Tu en veux à tous les pistards d’avoir eu leur heure de gloire cette année.
- Tu ne vas plus à la machine à café au boulot car tu n’as plus les moyens de te la jouer en disant que tu as fini 78ème SUR 450 et 5ème DE TA CATÉGORIE
- Tu as acheté un panier garni au supermarché pour te rappeler le bon vieux temps
- Tu as passé tes vacances d’été dans un AirBNB à Taulé
- Tu as réussi par chance à trouver une course à saucisson dans un patelin pas loin de chez toi. Mal préparé tu es parti trop vite et tu as pop corné. Mais tu as pris du plaisir et c’est le principal.
- Pour réussir à obtenir un dossard, tu as négocié sec au dernier moment avec les organisateurs et tu as réussi à en obtenir un en acceptant de courir avec le t-shirt du Go Sport du coin.
- Autre option : tu étais inscrit depuis des lustres et tu as été TRÈS agacé de voir des gens réussir à s’inscrire au dernier moment. En plus ils étaient plus forts que toi.
- Revoir des seuillards de tout âge et de tout niveau jouer des coudes pour se placer devant sur la ligne de départ t’a procuré un sentiment de bonheur incomparable
- D’ailleurs tu n’as pas hésité à repousser sans vergogne plusieurs personnes à côté de toi pour être bien sûr d’être TOUT DEVANT.
- L’euphorie des premiers kilomètres a duré seulement 1 kilomètre. Mais c’est déjà bien.
- Tu as enlevé ton masque avant la limite autorisée. Tu as décrété que CLAIREMENT c’était pas possible de courir avec.
- Tu ne l’as pas laissé pendre sous ton menton, tu l’as négligemment balancé, comme le sac poubelle que tu avais mis autour de toi pour attendre le départ. Ce fameux sac poubelle ignoble. Tu sais duquel on parle.
- Tu t’es dit que pour respecter la distanciation, le mieux c’était d’en mettre partout. Ce que tu as fait, et du coup tu t’es fait distancer.
- Tu envisages de t’aligner sur les cross s’ils ont lieu, mais CERTAINEMENT pas sur un 3000 en salle.
- Tu t’es essayé sur un Trail qui avait été maintenu… Tu ne te l’avoues pas totalement mais tu as aimé ça. Cochon.
- Tu ne sais plus combien tu VAUX au 10 bornes.
- D’ailleurs les débats sur les nouvelles pointes et les petites lumières autour de la piste t’ennuient. Toi ce que tu aimes c’est quand ça se pouille autour de VRAIS sujets comme les Next.
- Tu as peur de ne plus jamais recourir comme avant… Et ça c’est vraiment triste.
- Tu as pleuré en voyant Kipchoge passer au travers à Londres mais tu as joui en voyant Kitata l’emporter en talonnant éhontément.
- D’ailleurs tu as acquis tout l’attirail du parfait Kipchoge. Cuissard, shoes, manchettes, débardeur : tu as TOUT.
- Tu as regardé 14 fois le reportage YouTube « Story of Breaking2 » by National Geographic. Tu frissonnes toujours quand ils disent « Les coureurs sont prêts. »
- Tu t’es dit que cette année rien n’avait de sens : Ingebrigtsen a couru 35 minutes au 10 bornes bordel. Et on sait pas pourquoi.
- Tu as acheté un débardeur TRC et comme tu sais qu’il sera pas livré avant 5 semaines tu te dis que de toute façon, les compètes peuvent attendre.


