Tu sais que tu es un athlète confiné quand…

Confinement jour 5. Même pas une semaine que la France entière est en quarantaine et déjà les premiers signes de craquage apparaissent. Sur les réseaux sociaux, le n’importe quoi devient monnaie courante : on rivalise de challenges plus absurdes les uns que les autres à base de rouleaux de PQ, on se filme en train de faire du “home training”, on zone des heures en scrollant inlassablement un fil d’actualité toujours plus interminable. Bref, on se fait chier. Alors ok, on est sans doute né à la meilleure époque pour être assigné à résidence : entre Netflix, la bibliothèque infinie de Kindle, Instagram, Messenger etc… Il y a de quoi faire. Il n’empêche que malgré ça, on se fait chier. Pour les athlètes, ce confinement est une vraie épreuve mentale. Privés de leur drogue et de son substitut (NDLR : les sorties au bar), certains montrent des formes de pathologie mentale aggravées. Nous pouvons les comprendre : la potentielle annulation de la saison estivale réduirait à néant les efforts consentis par certains depuis plusieurs mois. Autant d’investissement et de dévouement pour se retrouver réduit à faire des pompes surélevées dans son salon, ça énerve et c’est normal. Pour autant, on distingue différentes catégories d’athlètes confinés et nous avons trouvé intéressant de les observer depuis plusieurs jours. Loin de nous l’idée de juger, nous sommes ici pour faire un constat objectif. Ci-après un petit florilège (on espère que vous vous reconnaîtrez) :

Tu sais que tu es un athlète confiné quand…

  • Tu ne cours plus du tout, tu es allongé sur ton lit avec un paquet de chips et tu ponces Netflix. Cancre.
  • Tu cours toujours mais en respectant scrupuleusement les consignes du gouvernement : pas plus de 30 minutes, dans un rayon de 500m autour de chez toi, que tu as mesuré au préalable sur Google Maps. Fayot.
  • Tu cours comme si de rien n’était, tu fais tes séances et tu mets tout sur Strava en plus. Tu ne comprends pas les critiques que tu reçois. CONFINEMENT ON T’A DIT. Fruit.
  • Tu t’entraînes en scred en faisant mine de rien, caché dans un sous-bois pas loin de chez toi à l’abri des regards. Oublie pas ton attestation malheureux.
  • Tu as lu le tweet de François Barrer et depuis tu as très peur de lui.
  • Tu as entendu la rumeur disant que la Police Nationale patrouillait sur Strava. C’est faux. Mais ça veut pas dire que t’es autorisé à repartir chasser les KOM.
  • Ton coach fait des vidéos de lui tous les matins avec un exercice de muscu/renforcement musculaire. Toi, tu ne le fais jamais à la maison. Mais ça te fait bien marrer.
  • Tu as fait un semi sur ton balcon, un 10k dans ton garage ou un marathon dans ton jardin.
  • Tu es sur une conversation avec tes potes athlètes où tu essayes de voir qui court. “BON QUI A FAIT QUOI ?”
  • Tu profites de cette période pour te mettre “sérieusement” à la muscu. Spoiler : tu seras le seul à voir que tu as plus de pectoraux à la plage cet été.
  • Tu n’as jamais fait autant de PPG de ta vie.
  • Tu as trouvé un pseudo parcours de 400m dans ton quartier, mesuré à la montre GPS et tu t’entraînes dessus tant bien que mal, quand y a personne. Life is hard.
  • Tu as déjà regardé l’Intérieur Sport sur Vincent Luis 4 fois, celui sur Bob Tahri 2 fois, le reportage “avec Thibault” 3 fois et “Les Yeux dans les Bleus” 8 fois.
  • Tu as pleuré quand tu as su que les interclubs seraient annulés. Nous aussi.
  • Tu as commandé un home trainer sur Amazon.
  • Tu as pris un abonnement 7j gratuits à Zwift que tu vas oublier de résilier une fois le confinement terminé.
  • D’ailleurs sur ta première sortie tu t’es attaqué à l’Alpe d’Huez, direct, d’entrée de jeu. Ambitieux. Tu as dormi pendant 18h ensuite, complètement cramé.
  • Tu as trouvé un programme “perfect summer body musculation fitness contest warrior only for the best athletes training method” sur Facebook. Tu t’es motivé et tu t’es arrêté à la partie où il fallait faire 5 minutes de planche en gainage. Normal.
  • Tu espères que les JO ne seront pas annulés même si, comme Philippe Lucas, tu penses que ce sera des Jeux “en bois”.
  • D’ailleurs tu as une pensée pour les athlètes pro. Force les gars. Vous reviendrez.
  • Tu as déjà planifié toutes tes courses de la saison prochaine. Ralentis un peu sur l’achat de dossards, 1 marathon par semaine en octobre c’est ambitieux.
  • Tu flippes que le Président Macron ne durcisse les règles du confinement et qu’on ne puisse plus du tout sortir. “Le droit de seuiller est maintenu” : ouais mais pour combien de temps ?
  • Tu es un crossman et tu te dis que de toute façon, la piste tu t’en fous. Enc***
  • Tu es un pistard et tu te dis qu’après en avoir chié 6 mois entre la route et la boue y a vraiment pas de justice. Ce monde est cruel, on a pas trouvé d’autre conclusion.
  • Tu as demandé un prêt à tes parents pour acheter un tapis de course, que tu comptes installer dans ton studio de 10m2.
  • À défaut d’interclubs, tu t’es inscrit sur Tinder. Les vrais comprendront.
  • Dès le premier jour de confinement, tu avais tes attestations prêtes pour les 15 prochains jours.
  • Depuis quelques jours tu lis tous les articles sur la chloroquine.
  • Et tu sais qui est Didier Raoult. Il va peut-être sauver ta saison.
  • Tu es lanceur de marteau et tu as pris une masse dans ta caisse à outil pour la lancer dans ton jardin. Fais gaffe aux voisins quand même.
  • Si compétitions il y a tu vas très mal regarder les types qui battront leurs records (sauf si tu en fais partie bien sûr).
  • Tu regardes tous les jours les stories de PML sur Instagram. Vrai qu’il est bon.
  • Tu as regardé “Les Chariots de Feu” et quelques “Rocky”. Ca t’a bien motivé.
  • Tu regrettes les fois où tu as souhaité être au chômage pour pouvoir t’entraîner. Tu le voyais pas vraiment comme ça.
  • Tu es confiné avec ton/ta conjoint(e) également athlète. Lui/elle est motivé(e), toi pas trop. Tu vis un enfer : “BON, ON REPART SUR UNE SERIE D’ABDOS GAINAGE ?!
  • Tu t’es fait tatouer les plans de ton stade d’entraînement sur le corps quand tu as appris que tu allais être confiné. Prison Break.
  • Tu vas profiter de cette situation pour dire pendant des années “Ouais j’aurais pu faire des perfs ENORMES mais bon coronavirus/confinement tu connais…” : s’il-te plait ne deviens pas ce gars là.
  • Tu as envie de devenir athlète e-sport. Pas con.
  • Tu as fait le challenge où faut jongler avec du PQ et tu as compris pourquoi tu faisais du 1500 et pas du foot.
  • Tu as été coursé par la police et tu les as semés. Pas bien.
  • Tu arrives à maintenir une certaine dose de condition physique mais tu vas tout gâcher à la soirée post-confinement. Avec modération on a dit.
  • Tu avais acheté des Next% et elles te serviront à rien. La tuile.
  • Tu songes à te reconvertir en cross fitteur. Sur les plages c’est peut-être un choix payant, mais dis-toi bien qu’ils te forceront à mettre un short par dessus ton collant.
  • Tu es un lanceur/combinard et à défaut de pouvoir te mettre torse nu aux compètes tu postes des vidéos de toi torse nu en train de sculpter ton corps déjà parfait. Non on n’est pas jaloux. NON ON N’EST PAS JALOUX.
  • Tu regardes les bilans Base Athlé des années passées et tu commences à les apprendre par coeur. Maël Sicot and Maxime Garcin like this.
  • Comme tu as le temps et que les fast food sont fermés, tu t’es motivé, tu t’es dit que tu allais enfin surveiller ton alimentation et “faire le job”. Après une tarte aux légumes pas cuite au jour 1 et une omelette cramée au jour 2, tu te retrouves finalement à faire tes bonnes vieilles spaghetti lardons crème fraîche. N’ose même pas appeler ça des Carbonara. Oui, même si tu ajoutes un pauvre jaune d’oeuf dessus.
  • D’ailleurs, pour l’occasion, tu avais sorti le livre que ton coach t’avait offert à Noël : “L’alimentation du sportif”. Aujourd’hui il traîne juste sur ton plan de travail, à côté de la vaisselle pas finie que tu “finiras demain”. “Ouais”.
  • Tu te dis qu’on a fait que 5 jours et qu’il en reste peut-être 40. Accroche-toi. T’es en train de travailler ton mental pour la dernière ligne droite là. #yourisaforcecestles30derniersmètres
  • Tu as perdu la foi et tu l’as retrouvée en allant traîner sur des vidéos de motivation sur YouTube. “Toi, moi, personne ne cogne aussi fort que la vie

Dernière chose : si vous êtes dans le dur, si vous vous dites que la vie est injuste et si vous avez envie de tout arrêter, on a un mot pour vous : “Demain le jour va se lever. T’as tout bien fait. Si tu continues de tout bien faire, un jour la porte elle va s’ouvrir. Le destin il veut pas te donner raison pour l’instant mais tu vas avoir raison. Tu vas avoir raison. T’es grand.
Le TRC