Sicot : « Le record d’Europe ? Dans un coin de ma tête »

Auteur d’une prestation remarquée pour son retour à la compétition ce vendredi à St-Malo, l’incontournable Maël Sicot, figure de proue du Tempo Run Club, s’affirme comme l’une des étoiles montantes de l’athlétisme tricolore. Animé par le désir de bien figurer dans les échéances à venir, l’homme, lucide sur ses objectifs, ne cache pas ses ambitions : « la finale mondiale de Londres est une bonne rampe de lancement vers les Jeux Olympiques de Tokyo ».

« J’ai franchi un cap »

Sicot, ce n’est pas le genre de gaillard à faire mystère de ses ambitions. « Ne tombons pas dans le piège de la langue de bois, si je veux monter sur la boîte en 2020, il ne faut pas commencer à y réfléchir 6 semaines avant » lance le principal intéressé après sa rentrée convaincante sur 3000m (8’30’’98 et PB, ndlr) hier soir. Sincère à propos de ses objectifs, il en va de même lorsqu’il évoque sa forme du moment. « Les cannes tournent bien ! Je rentre d’un stage à St-Jean-de-Luz où j’ai partagé des séances avec de bons vieux seuillards (adeptes de la pratique de l’entraînement au seuil, ndlr). Cette année j’ai cherché à privilégier le qualitatif. Cette performance sur 3000m me rassure quant à la stratégie adoptée, moi qui n’hésitais pas à enquiller les bornes auparavant… ». Assagi, mûri, le Sicot version 2017 a semble-t-il franchi un cap lui offrant de nouvelles perspectives. « Je veux être acteur de ma saison, affirme-t-il. Je compte bien surfer sur cette dynamique positive pour me délester du poids des minimas mondiaux assez rapidement ».

« Les minimas dès les interclubs »

Pour cela, il enfilera à nouveau les pointes dès le weekend prochain lors du 1er tour interclubs. « J’aime bien les interclubs, l’ambiance y est bonne et c’est toujours un bon prétexte pour siroter une petite boisson fermentée, s’amuse-t-il. Mais cette année, je serai au départ avec l’idée de faire tomber les minimas (8’26’’50, ndlr). Je serai seul et sans lièvre, mais avec l’appui du public, c’est vraiment envisageable ». Et ensuite ? « Si les minimas tombent d’entrée, ce sera très bien. Cela me permettra de repartir en stage en altitude, sûrement à Font-Romeu. J’envisage également de courir quelques 1500 en Diamond League. Défier Kiprop c’est quelque chose qui me plairait vraiment ! ».

« Moins de 8’10 dans les jambes »

Défier Kiprop, rien que ça. Mais quand on voit l’athlète avaler les 7 tours et demi de piste avec cette aisance, on se dit que tout est possible. « Maël est incroyable, commente son coach Yakoub Delhoum (vice-champion de Bretagne de cross en janvier dernier, ndlr). Il a une telle facilité sur les obstacles qu’il peut courir un 3000m steeple sur des allures similaires à son record sur plat. Et quand on sait qu’il doit pouvoir descendre sous les 8’10, cela nous donne espoir de bien figurer à Londres ». Pour autant, Sicot sait garder la tête froide malgré les attentes qui émergent autour de lui. « Le record d’Europe ? Je l’ai dans un coin de la tête bien sûr. Mais il faut savoir être patient. Il faut déjà s’acquitter des minimas et puis, si les occasions le permettent, pourquoi pas faire une tentative… Mais Londres reste la priorité ». Une annonce à laquelle Delhoum s’empresse de réagir. « Londres c’est la priorité de cette saison, mais il serait malhonnête de dire qu’on ne voit pas à plus long terme ». En effet, les jeux de Rio 2016 ont joué le rôle de détonateur. « Je dois avouer que c’était frustrant de les vivre depuis mon home trainer. Surtout que j’ai vu plusieurs de mes idoles comme Fabien Prigent, Benjamin Raffard ou Antoine Provost profiter de l’événement sur le terrain. Rio a donc été un déclic pour moi, je me suis dit que 2020 c’était Tokyo ou les vieilles charrues, mais rien d’autre ! ».

L’analyse des experts :

Sicot est incontestablement l’homme en force de ce début de saison. Vendredi, il a envoyé un message fort à la concurrence internationale qui devra à n’en point douter compter sur le leader du TRC. Humble, réaliste quant à ses possibilités et travailleur, il semble prêt à s’affirmer dans la hiérarchie mondiale du 3000m steeple. Conscient que Londres n’est qu’une étape sur la route de Tokyo 2020, il sait pertinemment qu’il lui faudra de la régularité les saisons prochaines pour s’imposer, à terme, comme un prétendant au podium olympique. En tout cas on te le souhaite.