Quel type de seuillard déconfiné êtes-vous ?
Voilà maintenant bientôt un mois que le déconfinement a débuté. Pourtant, tout n’est pas revenu à la normale, en particulier en ce qui concerne le sport. Les stades à moitié ouverts, les entraînements en groupe autorisés sous la contrainte de règles de distanciation sociale, les compétitions toujours annulées. La vie du seuillard déconfiné n’est pas simple. Et parmi les seuillards déconfinés on distingue différentes catégories. Et vous, quelle est la vôtre ?
Quel type de seuillard déconfiné êtes-vous ?
1) Le Seuillard frustré : celui qui ALLAIT en mettre partout
Tu ALLAIS en mettre partout en 2020, tu en étais certain. Mais ce fichu Covid-19 est venu gâcher toute ta saison estivale ? T’en remettras-tu ? L’avenir nous le dira. Quoiqu’il arrive, toute ta vie, tu pourras être celui qui, une pinte à la main au PMU « La Cascade » du village, pourra clamer haut et fort : « J’avais le SUB 2 (NDLR : moins de 2’00 au 800m) dans les pattes cette saison-là… Et puis le coronavirus est arrivé…« , un peu finalement comme ce footballeur qu’on a tous connu qui devait passer professionnel après un essai à Chelsea mais qui s’est fait les ligaments juste avant de PERCER.
HASHTAG LIGAMENTS CROISÉS TU CONNAIS.
2) Le Seuillard bodybuildé
Ce Covid a été l’occasion pour toi de découvrir un domaine de l’entraînement dont tu ignorais totalement l’existence jusqu’à aujourd’hui : la PPG (à prononcer : « pépégéé) également appelée « Renfo ». Inondé sur tes réseaux sociaux de vidéos de coachs sportifs, tous plus excités les uns que les autres, tu as pris la résolution dès le début du confinement de t’astreindre à un programme titanesque de renforcement musculaire. Et tu t’es juré de sortir de ce déconfinement « affûté comme jaja » (ou comme Jaja (NDLR : Notre Elite Jawad Abdelmoula), ce qui revient sensiblement à la même chose). Après avoir largué la moitié de ton salaire dans l’acquisition du matériel nécessaire à la pratique du renfo « sans matos », tu as pu constater avec enthousiasme (et beaucoup d’auto-satisfaction) la transformation de ton corps (à prononcer « cueeerps »). 2 mois de PPG intensive, à base de 250 pompes quotidiennes ont fait muter le poulet angolais en sous-nutrition que tu étais en un véritable boeuf argentin stéroïdé qui sent bon l’OGM. Tant et si bien que la place pour le lancer de poids aux interclubs 2021 t’es désormais grande ouverte.
3) Le Seuillard sédentarisé
Pour le compétiteur dans l’âme que tu es, l’absence de perspective à court et moyen terme de compétition t’ont convaincu d’une chose : c’est la période idéale pour faire ce dont tu avais toujours rêvé depuis ces dernières saisons : CHÔMER. Et pas seulement à ton boulot (tu es en chômage technique depuis le jour 1 du confinement). Te lever tous les jours à midi, passer des journées entières à poncer Netflix, OCS, Canal, à te remater en boucle la finale des championnats du monde de 800 de PAB en te disant que tu bosses « la tactique ». Le pied.
Pour te donner bonne conscience et te dire que tu fais « un minimum le métier », tu prends une banane et un yaourt blanc après tes 3 gaufres Nutella chantilly lors de ton 2ème goûter de l’après-midi (celui de 19h).
Parfois, tu joues aussi à Fifa debout et tu as fait 2-3 fois des étirements et le protocole de Stanish avant ta sieste de 17h. Sédentaire certes mais pas inactif.
Tu sais que tu n’es pas dans la forme de ta vie mais tu te dis qu’il sera toujours temps de retourner à l’entraînement le moment voulu, quand ton coach t’en suppliera. Ou pas d’ailleurs.

4) Le Seuillard rassuré : celui pour qui le Covid aura été une bonne chose pour sa saison
Depuis le début de la saison hivernale, tu le sentais, tu le savais : ta saison était mal barrée. A la rue sur les cross, « pas dans tes chronos » à l’entraînement, tu te sentais hors du coup, plombé par une forme en dents de scie et tu te demandais bien comment la tendance allait pouvoir s’inverser aux beaux jours. Alors pour toi ce Covid a été comme une bénédiction, un cadeau du ciel.
Longtemps, tu as espéré que la pratique du seuil en extérieur soit totalement interdite pendant ce confinement. Par logique sanitaire et par respect pour le personnel soignant bien entendu. Mais surtout, tu ne vas pas te le cacher, pour que l’acquisition de ton TAPIS DE RUNNING flambant neuf soit pleinement rentabilisée. Y A PAS D’RAISON.
C’est pourquoi dès les premiers jours, tu t’es mis à faire la police sur Strava et sur Insta, à coups de « RESTEZ CHEZ VOUS », et de « AH BON LE RAYON DE 1KM ». Vindicatif, tu n’as rien laissé passer. Pas la moindre petite incartade n’aura trouvé grâce à tes yeux.
Alors à la vue du déferlement de bornes visible sur Strava depuis le déconfinement, tu t’es presque surpris à espérer une deuxième vague pour anéantir définitivement toute chance de voir des compétitions maintenues à la rentrée. Comment ça une saison en septembre ? NON MONSIEUR. CAP SUR 2021. ON PREPARE LA SUITE.
5) Le Seuillard en progrès : celui qui en a profité pour s’entraîner comme un pro
Un peu comme le profil « rassuré », ta saison était mal partie. Mais ça c’est parce que DE BASE, tu n’es pas un talent brut (NDLR : que personne ne se sente insulté, c’est le cas des rédacteurs de ce papier) Oui, tous les ans pour toi c’est un peu la même rengaine, tu as beau t’entraîner, tu fais des chronos moyens et tu es toujours à la traîne derrière tes potes. Alors dès que le confinement a été déclaré, tu as fait un choix. Tu as mis LES BOUCHÉES DOUBLES. Galvanisé par les spots publicitaires Nike que tu as regardé à longueur de journée, tu as tout fait pour te mettre dans les meilleures dispositions. Double entraînement quotidien, muscu, gainage, siestes, alimentation… Tu t’es mis dans la peau d’un pro. Et si les résultats ne sont pas encore ceux d’un Kipchoge (et ça même si tu te répètes à longueur de journée que No Human Is Limited) tu as progressé dans tous les domaines c’est indéniable. Tu le vois sur chacune de tes sorties depuis le déconfinement.
Le travail paie c’est bien. Dommage que tout ça ne soit observable que sur des chronos « à la montre » pour des challenges virtuels non officiels.
6) Le Seuillard à interner : celui qui a vrillé pendant le confinement
Dans cette catégorie, on retrouve ceux qui ont littéralement pété un plomb pendant le confinement. Souvent, il s’agit des mêmes personnes qui étaient addicts au seuil avant la crise du COVID-19. Ceux qui n’hésitaient pas à en faire « plus » et à se rajouter des répétitions pendant leurs fractionnés « pour se finir ». Pour ceux là, l’assignation à résidence a été très très compliquée.
Certains ont pu trouver un substitut en s’abonnant à Zwift, l’application de vélo virtuelle (cf : très bon reportage de notre ami Kevin Souringues @souringuez à ce sujet) et en montant des cols plusieurs fois par jour. Mais pour d’autres ce n’était pas suffisant. En plus de ces sorties vélo où ils n’ont « pensé à rien à part mettre des watts », ils se sont rajoutés des sorties course à pied « à la sensass », armés de plusieurs attestations de déplacement, qui se sont souvent terminées par des kilomètres avalés à 22 à l’heure, à 10km de chez eux, langue dehors, poumons en surchauffe. Pour ces stakhanovistes de l’entraînement la règle a été celle du « toujours plus ».
Après 3 premières semaines d’entraînement à 120km de course à pied de moyenne et avoir gravi 8 fois l’Alpe d’Huez, ils sont aujourd’hui blessés (à l’ischio, au genou, au mollet, à la voûte…), grognons et très proches dans leurs activités des seuillards sédentaires, puisqu’ils ont absolument tout coupé.
Dans cette catégorie on retrouve aussi ceux qui ont fait des marathons dans leur jardin, salon, balcon ou garage. Ils nous saluent aujourd’hui depuis leur lit d’hôpital où ils sont en attente de greffe de fibres rapides. Pensée pour eux.

7) Le Seuillard tricheur : celui qui en profite pour mentir sur ses chronos
Grand spécialiste de Strava, docteur en montres GPS, virtuose du lap : la technologie du running n’a aucun secret pour toi. Et ces connaissances, ô combien précieuses de nos jours, tu les as mises à profit cette année, en grossissant un peu le niveau de tes perfs.
Le problème, c’est que tu es souvent un peu trop gourmand sur les secondes grattées. Ainsi, ton record personnel en 2.48 au 1000m réalisé en 2019 et visible par tous sur Bases Athlé aurait du te rendre un peu plus méfiant au moment de poster avec fierté ton 2.28 réalisé au GPS lors du challenge 4×1000. D’aucuns diraient que la ficelle est un peu grosse. Alors, même si tu nous dis que « Non mais d’accord y avait un peu de D- oui » (NDLR : un dénivelé négatif de -30m a été détecté), que ton pote était devant à vélo et que tu as pris l’aspiration (NDLR : la montre était sur le vélo) ou que tout simplement tu es « grave grave en forme là », on reste sceptique. Et viens pas nous dire que la montre a sonné avant.
Si tu es dans cette catégorie, méfie toi… Tu es la cible de nombreux énervés de la seuillosphère, qui maîtrisent aussi bien la technologie que toi et qui n’hésiteront pas à aller signaler tes sorties après être allé checker tes flybys et ton temps d’effort… La brigade te surveille. #rendezlesKOMs
Astuce infaillible numéro 1 pour reconnaître un seuillard tricheur : il a mal aux quadris du fait de ses courses en descente.
Astuce infaillible numéro 2 pour reconnaître un seuillard tricheur : il a bloqué Hugo Hay sur Insta.
9) Le Seuillard plein d’espoir : celui qui n’a de cesse de participer à tout ce qui peut ressembler à une compétition
Ce pourrait presque être une sous catégorie des « seuillards en progrès ». On retrouve ici tous ceux qui « y croient encore » et pensent que des compétitions « quelles qu’elles soient » peuvent être organisées avant l’été. On aimerait y croire les enfants. On aimerait sincèrement. Quand on a vu l’enthousiasme de certains à mettre un dossard sur le 4×1000, on se dit que vraiment ce serait beau de pouvoir leur offrir ça.
10) Le Seuillard « Vaut mieux pas »
À l’inverse du seuillard plein d’espoir, celui-ci ne veut absolument pas que les compétitions reprennent. Pour quelles raisons ? On ne sait pas bien. Entre un mélange de « c’est pas prudent » ou de « par respect » et de « en ce moment je cherche juste prendre du plaisir », les motivations de ce type de de seuillard sont floues. Très proches des seuillards rassurés, ces coureurs là se distinguent par leur discrétion et leur absence de commentaires sur une éventuelle reprise un jour. Même en 2021. Car tu comprends, « cet hiver si le virus revient, vaudra mieux pas courir tu crois pas ? »
Actuellement dans l’attente de la deuxième vague : « on va prendre vraiment cher cette fois, vaut mieux pas rigoler avec ça » ces seuillards s’accordent parfois quelques footings. Masqués et armés d’une bombe aérosol avec du gel hydro alcoolique vaporisé au cas où ils croiseraient quelqu’un, ils redoutent le moment où ils seront condamnés à remettre un pied sur une ligne de départ.
Allez sur ce bon courage les champions, faites bien attention à vous et prenez du plaisir en restant vigilants. Bien vu d’ailleurs pour ceux qui ont remarqué qu’on est passé directement de la 7ème à la 9ème catégorie.
À très vite sur les pistes (et peut-être plus tôt qu’on ne le croit !)
Le TRC.