L’incroyable fin de saison du TRC

Ce week-end s’achevait la première saison du Tempo Run Club, avec les championnats de France N2 à Albi et le meeting de la “Père Dodu League” à Quimper. Cerise sur le gâteau d’une année déjà réussie : une pluie de records personnels pour nos athlètes et une sensationnelle médaille nationale avec notre vedette licenciée à Strasbourg : Benoit Barré, qui emporte le bronze sur 800M. Le TRC, après quelques mois d’existence, décroche ainsi son premier titre majeur et on imagine bien que ce ne sera pas le dernier… En effet le président Benjamin Raffard a enfin rechaussé les pointes vendredi soir… Récit.

“Une Barre de Bronze” : Benoit Barré se classe 3ème aux championnats de France N2 sur 800.

Incroyable, et pourtant si logique. Benoit Barré, le Morlaisien exilé à Strasbourg depuis cette année après avoir réalisé toute sa carrière au Stade Brestois, l’a fait. Il permet au Tempo Run Club d’inscrire son nom sur les plus hautes marches des bilans français avec cette médaille de bronze qui a pour cette jeune équipe, un parfum d’or et de platine. Benoit Barré, on l’appelle l’ovni : arrivé sur le tard à l’athlétisme, il est devenu en quelques années un athlète incontournable, un homme qui compte. Le public breton n’est pas surpris : ceux qui avaient pu assister il y a trois ans à son premier 400m (NDLR : bouclé en moins de 50 secondes et en pointes de cross) savaient que Barré était promis à un brillant avenir. “Il y a plus de talent dans un seul de ses mollets que de protéines dans mon shaker” nous a ainsi lâché son (très proche) ami, le bodybuilder américain Justin Dourlance. Mais aussi pétri de talent qu’il soit, encore faut-il qu’il puisse l’exprimer. Pas épargné par les blessures, Benoit a longtemps eu du mal à atteindre son meilleur niveau. Alors qu’il avait course gagnée aux universitaires, celui qui s’entraînait encore sous la houlette d’André Penarguear se retourne, pour vérifier qu’il a bien les 50m d’avance prévus. Erreur fatale : « La Barre » se prend les pieds dans son lacet défait et chute violemment : fracture de l’épaule, saison terminée. Hasta luego. Mais c’est suite à cette blessure que vint réellement au monde l’athlète Benoit Barré, qui était jusqu’alors une sorte de Jean-Claude Dusse des tartans : « J’avais tellement la rage de voir ma saison s’arrêter ainsi, alors que j’étais bien, alors que j’allais tout casser. Je me suis comme qui dirait pris les pieds dans le tapis. » nous dit-il aujourd’hui, sourire aux lèvres en repensant à cette « période de galère ».

Motivé comme jamais auparavant, Barré arrive à Strasbourg pour raisons professionnelles et signe dans l’ancien club de Mehdi Baala, référence française et mondiale sur 800m. Coaché par Jean-Marc Ducret, qui devient très vite un père spirituel, Benoit voit ses performances décoller en flèche. D’abord sur cross court où il devient champion de France par équipes, dans une course remportée par son ami Mohamed-Amine « El Wakanda » Bouajaji dont il finit 50ème. « Je n’avais jamais aussi bien marché sur cross. Je pense que c’est grâce à toutes les séances de seuil que j’ai pu réaliser cet hiver. Faut le suivre Momo-Amine ! Au début je me faisais lâcher par le groupe sur le footing d’échauffement, je n’arrivais pas à les retrouver du coup je rentrais chez moi. » Des entraînements difficiles dans le froid Alsacien qui finiront donc par porter leurs fruits. Toujours fidèle à ses amis bretons, Benoit n’hésite pas une seule seconde à signer au Tempo Run Club au moment de sa création et à arborer fièrement la casquette « babines ». Il fait ainsi le choix de rejoindre ses anciens camarades d’entraînement en stage à Saint-Jean de Luz en avril, à un moment où son corps recommençait à lui jouer des tours. « Ca a fait un peu peur à mon coach… Il dit que les gaulois (NDLR : les bretons) aiment trop la bière et il craignait que je ne me blesse en rippant trop à leurs côtés. » Que nenni, le sérieux du stage organisé par le leader du groupe Romain Garrivier permet à Benoit de revenir en forme après une légère blessure. C’est d’ailleurs au Pays Basque qu’il fait la rencontre la plus déterminante de sa saison et peut-être de sa carrière voire de son existence : l’américain Justin Dourlance. Placés par hasard dans la même chambre, c’est le coup de foudre immédiat entre les deux hommes. « Mon cœur s’est arrêté quand je l’ai vu avec ces lunettes de soleil et ce collant moulant. Ses mollets étaient si imposants. J’en tremble encore… Au départ nous partagions une chambre… Puis nous avons partagé une couche» nous a ainsi avoué Dourlance. « Sa médaille aux France est tellement méritée… Il m’a dit qu’il avait pensé à moi pendant la course. Je suis ému. Je l’aime. » a-t-il tenu à ajouter. Une fin d’année merveilleuse pour Barré, qui en plus d’avoir trouvé l’amour, a amélioré son record personnel sur 800 (NDLR : 1’50 et des brouettes) et remporte sa première distinction nationale en individuel, après deux courses absolument maîtrisées en série et en finale, toutes deux bouclées en 1’51. Avant une qualification aux Elite, voire au delà ? « Pour ça il faudrait qu’il arrête le vin rouge et le pâté » a assené son coach Jean-Marc Ducret en conférence de presse. Nul doute que cela sera difficile pour Barré, épicurien assumé, qui aurait déclaré en off être « grand partisan de la méthode One Club et de ses effets incontestés ».

Beaudoin en bronze, record personnel pour Sicot : les steeplers au rendez-vous.

Les amateurs du seuil et des passages de haie ont réussi à surmonter l’absence du gourou de la discipline, Romain Garrivier, et à se surpasser pour offrir au TRC une nouvelle médaille et des chronos record. Camille Beaudoin, 3ème, gagne ainsi (enfin !) le droit d’intégrer la mythique « Team Garrivier », regroupant « les meilleurs steeplers bretons » selon son fondateur. (NDLR : ce groupe serait en réalité composé de coureurs de 3000 steeple tombés sous le joug du dentiste Brestois. Une enquête est actuellement menée par le parquet de Brest afin de déterminer si ce regroupement ne serait pas pas une secte) « Je suis très heureuse, c’est un rêve qui se réalise. La médaille ? Non, non absolument pas, ça c’est un simple bout de métal. Je parlais du fait que je viens de recevoir un message de Romain (NDLR : elle nous tend son téléphone affichant un SMS « félicitations loool »), c’est dingue, c’est le plus beau jour de ma vie. » De son côté, Maël Sicot, qui n’a pas fait une seule course cette saison sans battre un record, parce que “ça ne sert à rien de se faire chier sinon” (sic) réalise à nouveau une incroyable performance en 9’02. Performance d’autant plus remarquable que tout avait été mis en œuvre pour annihiler ses chances, puisqu’une personne mal intentionnée avait placé un fût de houblon en libre service dans sa résidence… Mais le sérieux du temporunner l’a emporté. Une trajectoire fulgurante pour celui qui courait il y a encore un an en 9’20. « Depuis l’article que j’ai réalisé sur lui en avril, il ne touche plus terre, nous a ainsi confié Pierre Xolin, joint par téléphone depuis sa résidence de Saint-Petersbourg, je sentais déjà à l’époque qu’il allait briller, mais là il dépasse nos espérances. » Quand on lui parle des rumeurs de dopage à propos de Sicot, qui aurait été contrôlé positif à un mélange de graine vrac produit en Tanzanie, Xolin défend son camarade en bloc : « S’il y en a un qui se charge au Tempo Run Club ce n’est pas Sicot mais Vincent Kerbiriou. Lui il prend de sacrées charges oui.» Sicot, sociétaire du CIMA Pays d’Auray n’a ainsi de cesse de progresser au point de taquiner certaines pointures comme Yakoub Delhoum : « C’est splendide ce qu’il fait, mais il ne faut pas qu’il s’enflamme, il atteint tout juste un niveau correct. On en veut encoooooore plus. »

Delhoum emporte la prime à Quimper, Le Gall améliore un record vieux de 15 ans

A plusieurs centaines de kilomètres au nord, le champion de Bretagne senior de cross, améliorait lui aussi sa marque, mais sur 3000 plat. Dans une course emmenée d’une main de maitre par Benjamin Raffard, de retour après sa fracture de radius, et qui peut enfin lever le coude convenablement, les athlètes du Tempo Run Club ont assuré le spectacle. « Benjam (NDLR : Raffard) a été excellent, et impressionnant d’aisance. Il a rempli son rôle de lièvre à la perfection. » a ainsi déclaré Delhoum, admiratif. « Oui j’aurais pu continuer la course sans problèmes, j’étais à l’aise, j’étais au seuil. J’aurais même pu gagner, et ça Yakoub le sait. J’étais au-dessus. Mais j’avais dit que je faisais lièvre et je suis un homme de parole. Comme quand je dis que je paye une girafe au bar, je ne me défile pas.» affirmait après la course le président du Tempo Run Club. « Oui il était supérieur, ça se sentait à chaque foulée. Mais en tant que président il a fort à faire avec le mercato et la préparation de la prochaine saison… Je lui suis gré de m’avoir laissé gagner. » a reconnu, plein d’humilité, le pensionnaire du Haute Bretagne Athlétisme. Alors que Raffard mettait le clignotant après 800m, trois hommes se disputaient la prime de 80€ offerte par l’organisateur du meeting : Delhoum, Patrice Le Gall et Lucas Huelvan, tous trois sur les podiums des cross bretons cet hiver. Ensemble pendant 2600m, le tintement de la cloche marquera l’explosion de ce trio de tête, Delhoum plaçant une giclette (NDLR : accélération subite contrastant avec la cadence monotone et régulière du seuil) que seul Patrice Le Gall et son énorme capacité à courir « au train » (NDLR : à suivre une allure donnée) parvint à suivre.

Huelvan légèrement distancé, le mano a mano entre un pur coureur de fond comme Le Gall et un athlète plus véloce incarné par Delhoum pouvait commencer. Pendant près de 300m, on eut du mal à définir qui de l’expérimenté ou du jeune premier l’emporterait. C’est finalement le Rennais, après s’être retourné une bonne demi-douzaine de fois, qui finira par l’emporter, en 8’22’ tandis que le Gall réalisera son record personnel en 8’22 également, battant de 11 centièmes son temps de… 2002 ! Le brestois n’était pourtant pas si heureux que cela à l’arrivée : « je suis content de faire mon record c’est sûr mais bon 11 centièmes c’est quand même pas le Brésil. Là je fais deuxième mais je savais même pas que y avait de l’argent en jeu. Je gagne 60 balles j’aurais pu en avoir 20 de plus. Ca m’aurait payé de nouvelles jantes pour la familiale, ceux qui vont chez Norauto savent de quoi je parle. Allez ciao la piste, place aux courses à saucifflard maintenant. Pas trop tôt ! Qu’on gagne autre chose que des médailles en plastique. Ca prend de la place dans le garage. »

Justin Dourlance sélectionné en Equipe de France de « Decathlon au seuil »

C’est peut-être l’information à retenir de ce week-end. Justin Dourlance, le coureur de 3000m steeple mais aussi de 1500m et de 800m au physique de lanceur de marteau s’était lancé un défi : courir dans la même soirée un 100m, un 200m et un 400m , disciplines de sprint par excellence, au seuil. Ceci dans un objectif bien particulier : être sélectionné en équipe de France de « Décathlon au seuil ». Lunettes de soleil sur le nez, cuissard, maillot taille S près du corps, Dourlance n’avait rien à envier à Justin Gatlin. « C’est comme du décathlon normal, sauf qu’il est absolument interdit d’aller plus vite que sa VMA max. Il y a des maximas pour participer, par exemple il est absolument interdit d’aller plus vite que 26’00 au 200 et 57’00 au 400. Les points sont ensuite calculés à partir de l’onglet « Valeur kilométrique » sur le site Base Athlé, qui convertit toute performance en un temps sur 10 bornes. Ce soir avec mon 13’ au 100m, je réalise les maximas, ce qui me vaut d’être sélectionné pour participer aux mondiaux cet été qui auront lieu à Dunkerque ! J’ai vraiment hâte de me confronter aux meilleurs seuillards mondiaux ! » En tout cas on le lui souhaite.

Le One Club sponsor maillot du TRC la saison prochaine ?

Nous avons pu assister à de nombreux records vendredi soir : Alexandre Le Paih sur 1000m en 2’29, Vincent Kermarec, qui s’est régalé sur un couloir préparé pour lui par Elric Bertin, sur 400m, Justin sur 100, 200 et 400, Yakoub sur 3000… Les athlètes du Tempo Run Club ont ainsi choisi le One Club, discothèque branchée de la région brestoise, pour fêter leurs exploits. Ils étaient alors loin de se douter qu’une nouvelle épreuve les y attendrait.

Arrivés à minuit dans la cité du Ponant, les athlètes éreintés mais grisés par leur réussite n’ont pas perdu de temps. De Charles “Chicha” Perrault à Fabien Prigent en passant par Daniel Corre Terrente ou Titouan “Babine” Cloarec, personne ou presque ne manquait à l’appel de la ripperie. “On a grillé l’argent des casquettes” a ainsi admis un Benjamin Raffard visiblement éméché le lendemain. Le TRC dérape-t-il trop ? Certains fans regrettent ce comportement jugé à la limite du professionnalisme, et le jugent “limite” voire “indécent”. “Je trouve ça ostentatoire quand je les vois débarquer à vingt et se payer un carré VIP avec des bouteilles à 900€ de partout. Ils passent un peu pour des nouveaux riches, des jeunes prétentieux. Le succès de leurs casquettes leur est monté à la tête” nous a ainsi déclaré un athlète préférant rester anonyme. Mais ceci ne serait-il pas calculé ? Nous avons essayé d’interroger plusieurs membres du TRC samedi matin, mais la plupart était difficile à joindre (NDLR : Vincent Kerbiriou a décroché mais n’a visiblement pas réussi à articuler). C’est finalement le président Benjamin Raffard qui nous a répondu : “Nous songeons à mettre en place un partenariat de sponsoring maillot avec le One Club la saison prochaine. Nous leur faisons une grande publicité et nous participons également fortement à leur chiffre d’affaires. C’est aussi un moyen pour nous de nous rapprocher de notre public, et de séduire de nouvelles pépites.” Comme quoi au TRC tout est toujours calculé : les retombées prévues en terme de merchandising sont annoncées colossales par les cabinets d’expertise comptable. Qui ne rêverait pas en effet de courir avec un débardeur noir et blanc floqué au nom de Maël Sicot ?

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