Le Tempo Run Club marque les championnats de Bretagne de son empreinte
Ce week-end se déroulaient dans le sud Finistère à Pont-L’Abbé, les tant attendus championnats de Bretagne d’athlétisme sur piste. Véritable point de rencontre des meilleurs athlètes de la région, le rendez-vous était immanquable pour les athlètes du Tempo Run Club, qui avaient à cœur de montrer leur valeur à leur patrie d’origine, et d’imprimer un peu plus dans les têtes le nom TRC, à grands coups de casquettes vissées sur le crâne. Les hommes aux casquettes gwenn ha du zébrées du désormais célèbre slogan « Sortez les babines » n’ont pas déçu, tant sur la piste qu’en tribunes et à la buvette, et ont soufflé une brise de folie, tout aussi forte que le vent qui aura gêné les nombreux sportifs réunis au Stade Bigouden. Récit. Note de la rédaction : pour des raisons éthiques nous ne parlerons pas de courses hors stade comme le trail des castors de Plouëven les sous-bois.
Samedi : Campion et Prigent en argent, Sicot stratosphérique.

La journée du samedi réunissait de nombreuses épreuves sur lesquelles étaient alignés les temporunners : Vincent Kermarec, « le seuillard de la giclette » invité surprise sur 400m, Benoit Campion, Romain Garrivier et Patrice Le Gall sur 1500m, les phénomènes Maël Sicot et Vincent « El Ratouss » Kerbiriou au steeple et le beau gosse Fabien « Fab P » Prigent sur le 5000m.
Des 100m interminables : certains athlètes n’auraient à l’heure actuelle toujours pas pris le départ.
Même si un beau soleil éclairait la piste rouge et jaune en mondo « la même qu’à Pékin », du Stade Bigouden, Eole n’a pas épargné les organisateurs, envoyant bourrasques et zéphyrs tout au long de l’après-midi. Afin de ne pas pénaliser les sprinters qui ouvraient le bal lors de ces championnats, les juges eurent la bonne idée de faire courir les 100m à l’envers, permettant la réalisation de très belles performances, mais augurant également de quelques situations cocasses. Un sprinter, préférant rester anonyme, aura ainsi confié à nos micros s’être trompé de sens : « Je ne suis pas habitué moi à partir de l’arrivée. On m’a rien dit moi, donc j’ai fait comme d’habitude. Je n’ai rien remarqué moi, je n’ai pas vu que j’étais tout seul au départ parce que je voyais presque rien avec mes lunettes de soleil à verres polarisés. Je me suis claqué les cuisses normal et je suis parti. J’ai remarqué que quelque chose n’allait pas en croisant deux types qui couraient en sens inverse. » Mis-à-mal par ce changement brutal dans leurs habitudes de course, les athlètes de «l’épreuve reine » auront ainsi répété les faux-départs face à des starters à la gâchette facile et au revolver bien chargé. Après la 4ème finale B série 12 toutes catégories masculines, les épreuves du tour de piste pouvaient enfin commencer, avec un léger retard qui aura accru le stress des athlètes, serrés dans la chambre d’appel.
400m : Kermarec, au seuil, répond présent devant son public
L’athlète du Stade Brestois, ovni dans le paysage du 400 breton, aura donc réussi son pari de courir au seuil. Aligné au couloir 7 de la dernière série, le néo-cergyssois (RP 54’20) bouclera le tour de piste en 54’48, soit un temps de passage un peu lent pour Benoit Barré sur 800m, après un départ prudent et une belle relance au 200m face au vent. « Après ma difficile saison hivernale, au cours de laquelle je me suis entraîné de façon irrégulière du fait d’un emploi assez prenant, j’ai mis un peu de temps à retrouver de bonnes sensations. L’objectif de ma saison n’est qu’à quelques centièmes, et ce sera une belle revanche, pour toutes les séances de caisse que j’ai fait sans éclairage à 22h en grimpant au-dessus de la barrière du stade des Maradas, ou sous la flotte à Suzanne Lenglen avec mon ami Fabien Prigent. J’ai envie d’y croire, ce chrono c’est nul mais pour moi c’est beaucoup. J’aimerais qu’il y ait du 900€ au One Club je vous le dis. Aujourd’hui je suis content de ma performance, c’est mon deuxième meilleur temps sur la distance. Je pense que c’est grâce à Yakoub (NDLR : Delhoum) qui m’a conseillé de me claquer les cuisses avant le départ. Clairement ça fait pro, j’ai eu un court instant l’impression d’être Marc Raquil. Un Marc Raquil blanc un peu malade.» A l’arrivée de la course, son coéquipier Romain Garrivier ne tarissait pourtant pas d’éloges sur celui qu’il appelle « mon protégé » : «Sincèrement c’est beau ce qu’il a fait. Il a pensé à RESPIRER (il insiste grandement sur ce mot) et à courir en relâchement en se servant de ses bras. Après sa saison hivernale où il a fait de la caisse sur cross long, il n’a plus qu’à retrouver un peu de fréquence et ça va passer. Je crois en mon poulain ! ». En tout cas on le lui souhaite.
1500m : Delhoum casse son ramadan en mangeant un 1000m, Garrivier à une dent du record.
Très attendu, le 1500m masculin n’a pas déçu. Emmenés par un Yakoub Delhoum en lièvre de luxe, qui passera avec aisance au 1000m en 2’32, les protagonistes du TRC alignés sur les trois tours trois quarts n’ont eu qu’à suivre le rythme imposé par l’athlète du HBA. « J’ai aimé ce rôle de pacer (NDLR : meneur d’allure) à la Thomas Larchaud, disait le Rennais de sa voix si agréable de vendeur de chichis, je l’ai fait gratuitement évidemment, pour les copains et pour la beauté du sport ! Certains disent que la Bretagne est à eux, moi je sais ce que je dois à la Bretagne. J’essaye de le lui rendre. » C’est un autre athlète aimé des foules bretonnes qui s’est distingué. Le doyen Patrice Le Gall, enfin débarrassé de son placo, était à la surprise générale aligné sur cette épreuve habituellement propriété de profils plus « gicleurs » que le sien. Lui-même le disait avant la course : « J’ai refait de la CAL (NDLR : capacité anaérobie lactique, autrement dit des séances assez violentes pour l’estomac et les fessiers) récemment, ça fait quand même mal à la gueule. Je l’ai fait sur ma pause dej et ben j’avais pas très faim après. Des 500 et des 200 à bloc je suis plus habitué ! Moi mon allure 1500 c’est mon allure 5000 (rires). Mais je vais faire le max on verra bien. » Sa Garmin au poignet, le Brestois interpellait déjà au départ en se positionnant le plus à l’extérieur possible de la piste, sur le bitume « au couloir 9 » pour reprendre ses mots. Tactique surprenante mais payante puisqu’elle aura déconcentré nombreux de ses adversaires, jusqu’à la jeune vedette Benoit Campion, qui subira le cassage violent de Le Gall sur la ligne. « Je ne l’ai pas vu arriver, et il me gicle dans les tout derniers mètres !» s’exclamera l’élève de Robert Cariou, battu par son aîné pour 6 centièmes (NDLR : 3”57”97 vs 3”58”03). Le Gall, aux anges, n’en revenait pas : « Ah il va m’entendre le chanteur (NDLR : Benoit Campion), je lui ai fait ma spéciale, la même qu’aux inters de Cross ! Ah la chiale, faut croire que je peux toujours battre des gamins au sprint. En même temps je n’avais pas de temps à perdre, je devais rentrer le plus vite possible pour récupérer et gagner un 10 bornes le lendemain. Y a un week-end Thalasso en prime et ma femme m’a demandé d’aller la décrocher, donc bon y a des priorités dans la vie. Pour une fois que c’est pas un saucisson… » (NDLR : Le Gall remportera le 10 km en question avec plus de deux minutes d’avance. La rédaction du TRC a donc décidé de lui remettre le prix du seuillard d’or en plus de la nuit d’hôtel).

Mais cette course aura malgré tout un goût d’inachevé. Handicapé par une blessure à la cheville née d’un accrochage le week-end précédent au 1500m de Vannes, Romain Garrivier réalisera le frustrant chrono de 4’00’91. Il faut croire que la ville de Jérôme Kerviel n’était pas propice à une performance pour l’apprenti trader. Serait-il frappé par la malédiction de Ronan Tanniou ? Est-il condamné à courir 15 ans en 4’00 ? L’athlète polyvalent reste confiant : « Je ne crois pas à une malédiction, ce sont des histoires de bonnes femmes, tout juste bonnes à faire la cueillette dans Age of Empires. C’est un problème physique. Malgré mes connaissances d’ostéopathe, écartez-vous d’ailleurs je rappelle que je suis médecin, je n’ai pas réussi à soigner cette cheville dans les temps (il nous montre sa jambe, effectivement extrêmement enflée), c’est tout. Les 3’59 je les ai là (il nous montre sa tête) et là (il nous montre une autre partie plus basse de son anatomie). » Réponse vendredi prochain à Landerneau ?
Prigent en argent sur 5000m, Sicot au-dessus du soleil.
Impressionnante. C’est le terme approprié pour décrire la performance réalisée par l’athlète du CIMA Pays d’Auray Maël Sicot sur 3000m steeple. 9’04’31, 999 points à la table hongroise, le Rennais n’en finit plus d’impressionner. C’est bien simple, en 2017, toutes les lignes de son bilan sont en gras (NDLR : synonyme de record), du 1500 (3”54) au 5000 (15”10). Dans cette course qu’il aura réalisé en relais avec son camarade de club Vincent Le Gac, dans un remake du deuxième tour des interclubs, il n’aura jamais été inquiété, respectant à la lettre ses temps de passage monstrueux. A noter que cette course fût très rapide puisque le sociétaire du Stade Brestois Vincent Kerbiriou améliorera sa marque personnelle de la bagatelle de… 29 secondes ! (Une enquête est actuellement menée par la Ligue de Bretagne pour statufier si oui ou non Kerbiriou aurait réalisé un tour de moins en se cachant dans la fosse)

Mais quel est le secret de Maël Sicot ? Après des mois d’enquête, la rédaction du TRC pense avoir un début de réponse : le steepler se doperait avec des mélanges de graine du Tibet hors de prix. « Il nous extorque pour acheter ces produits, nous a confié, en pleurs, son colocataire Antoine Provost, il refuse catégoriquement de manger des cordons bleus. Il ne fait que picorer ces graines, il y en a partout dans l’appartement. On ne sait plus si on a affaire à un être humain ou un hamster. Il a même installé une roue où placer son vélo d’appartement pour faire de la PMA. Cela va trop loin. » Ce mélange vrac de graines du Tibet est-il placé sur la liste des produits interdits par le CIO ? Nous n’avons toujours pas obtenu de réponse, puisque cette mixture était encore inconnue il y a peu. D’après plusieurs experts, ces graines ne seraient pas dopantes de manière isolée, mais couplées à un mélange d’anis et d’alcool blanc, elles permettraient une amélioration exponentielle des performances tout en étant indétectables lors des contrôles. Ceci n’est évidemment pas sans rappeler la controversée « One Club Method » dont nous vous parlions il y a peu… Peut-on encore croire à un sport propre ? Ce sera le sujet d’une prochaine enquête : M.S Confidential.

Fabien Prigent, lui, roule à l’eau claire et à la bière du Financier, bar de Montparnasse. Le plaisant athlète d’Issy les Moulineaux, casquette TRC sur la tête, réalise son record personnel (15’19) dans une course de 5000 remportée par le Quimpérois Matthieu Diverres (14’59). (NDLR : Vous pouvez retrouver la course filmée en live sur notre page Facebook).

Dimanche : le 800m, hymne à la babine, Raffard dit « non merci » au 400 haies.
Le 800m est sans doute une des courses les plus dures qui existent en termes de violence de l’effort. Quand les jambes ne répondent plus, quand l’acide lactique se répand dans chaque muscle, jusque dans les synapses, c’est le mental de l’athlète qui lui permet d’aller jusqu’au bout. Le public est parfois cruel. Pour un athlète rien n’est plus dur que d’entendre des encouragements comme « Allez allez c’est pas grave ! », « Allez jusqu’au bout ! » ou encore « Ils sont cuits devant aussi ! ». Car oui, un coureur de 800 éreinté n’a qu’une idée en tête : se rouler en position latérale de sécurité et végéter paisiblement sur le bas côté de la piste. C’est à peu près ce qu’aura fait Titouan Cloarec hier, en titubant sur les 100 derniers mètres mais en finissant la course, déviant jusqu’au couloir 7 avant de s’échouer comme l’Amoco Cadiz en baie de Portsall. Ces hommes-là sont les héros des temps modernes et doivent être traités comme tels. Ce sont des chevaliers de la babine, des pourfendeurs de la fin de course collée, des dieux de l’effort. Positionné dans le même couloir que maître Cloarec, Benoit Campion avait à cœur de laver l’affront subi sur 1500m : objectif atteint, l’étudiant en médecine battra son record personnel en portant la marque à 1’55. Celui-ci eût à peine le temps de savourer sa performance puisque ses talents furent immédiatement requis pour pratiquer les premiers secours sur un Titouan Cloarec évanoui sur le tartan, babines fracturées. Pendant ce temps, Alexandre Le Paih observait la scène en tribunes, café et croissant en main. « Je me suis arrêté les acheter au 400, nous dira l’élève de Matthieu Diverres, j’avais envie de faire un 800 en deux minutes une fois pour voir ce que ça fait. Les copains m’en avaient parlé mais je voulais le voir de mes propres yeux. C’est vrai que c’est sympa, l’allure permet de profiter du paysage. J’y penserai quand je ferai 1’52 la prochaine fois ! C’est un hommage à Ronan Tanniou. » Journée globalement difficile pour les coureurs de 800 (Vincent Kermarec auteur d’un premier 400 difficile), avec néanmoins un record personnel de quelques centièmes pour Corentin Lescop. A noter : on crut un court instant entrapercevoir Usain Bolt en série 1, et puis en fait non, c’était une erreur. Après ce combat de gladiateurs se tenaient les épreuves de 400m haies et un nom était sur toutes les lèvres : Benjamin Raffard. Le monde de l’athlétisme n’a en effet pas oublié sa performance réalisée sur cette même piste il y a un peu plus d’un an, entrée dans la légende de ce sport grâce à une vidéo de Fabien Prigent devenue virale sur les réseaux sociaux. Le Guipavasien était cependant absent, se remettant d’une blessure au radius dans un stage sportif intensif à Tahiti. « Il n’y avait pas d’intérêt pour moi à courir aujourd’hui, nous dit-il par téléphone, si ce n’est me casser l’autre bras. Sachez que je prépare actuellement de nouvelles figures pour ma prochaine course. » Sans son principal challenger, c’est donc le Brestois Paul Mazet qui s’est imposé, dans un chrono qui serait un record pour certains sur plat. Bravo.

Champions de Bretagne de la buvette

Ces championnats se terminèrent dans la bonne humeur par une dernière épreuve et non des moindres : le relais 4*4 demis, qui se tenait un peu l’écart de la piste. Tenues par trois briscards du CAB, Hervé, Gérard et un sosie de Justin Bridou, les tireuses de la buvette se sont mises à surchauffer quand les athlètes du TRC y ont commencé leur séance de seuil. Armé de plusieurs dizaines de Bigouds (NDLR : nom des tickets consos), dont le cours dépasserait à l’heure actuelle celui de l’euro (NDLR : information confirmée par Romain Garrivier, trader réputé qui vous conseille d’y placer vos économies) fluctuant aux alentours de 1 bigoud = 1.1 euro, les seuillards de la buvette ont vite pris les devants d’une course où la concurrence n’a littéralement pas existé. « On voit qu’ils sont bien entraînés, nous a confié Hervé, pas peu fier de ses meilleurs clients, on voit qu’ils ont enchaîné les séances. Ce sont des pros ces gars là ! Je les vois aux JO, concurrencer Pierre-Ambroise Bosse au Club France ! ». Rapides dans la goulée, le coude souple, les temporunners ont assuré le spectacle et impressionné un public qui commençait à se lasser des épreuves de course. Pas de podium, mais un titre officieux pour ces quelques athlètes : celui de champions de Bretagne de la buvette.

Ce fut encore un magnifique week-end de sport et de franche camaraderie, comme on aimerait en voir plus souvent. Les « casquettes babines » s’affichent par ailleurs comme LA grande tendance de l’été 2017, avec de plus en plus d’adeptes du mouvement, jusque dans les cours de récréation

Merci à ceux qui nous suivent et qui sortent les babines au jour le jour, on se retrouve bientôt sur le tartan. Le TRC


Si vous êtes intéressés par l’athlétisme et pas par le trail des castors de Loudéac, suivez Tempo Run Club ! Nous sommes l’athlétisme.