Antoine Provost, l’interview vérité : « Porter un short Adidas avec un haut Nike, c’est une faute grave. »

Il est athlète, triathlète, fan de vélo et ingénieur, c’est le grand absent de cette saison estivale : Antoine Provost. Le beau barbu du Stade Brestois Athlétisme s’est confié longuement à nos micros, dans son appartement de la banlieue rennaise qu’il partage avec les athlètes Benjamin Raffard et Maël Sicot, présents ce jour là. C’est entre deux roues de vélo “zip” hors de prix, que l’interviewé nous a sommé de ne pas toucher (NDLR : sous peine de nous voir exclure de la demeure), que nous nous installons, et démarrons l’entretien qui s’annonçait dès lors poignant. Cette interview devait être un 10 questions comme un 10 bornes, mais le costarmoricain, blessé, a fait pop corn au 5ème kilo.

Tempo Run Club : Que pensez-vous de votre saison jusqu’à présent ? Antoine Provost : (Il soupire, roule ses yeux et les tourne vers le ciel en haussant les sourcils) J’aurais du mal à vous dire que je suis satisfait de ma saison car je me suis blessé et que celle-ci s’est terminée de façon brutale. J’ai pris un revers : une fracture de fatigue, survenue lors de la première de mes deux semaines de stage en avril. J’ai mulé comme un âne à vélo, en natation et en CAP et ça a lâché. Je n’ai même pas pu seuiller avec mes amis athlètes à Saint-Jean de Luz… Juste un footing où mon ennemi Justin m’a battu. De fait j’ai fait la cuisine (ses colocataires BN et Sicot s’esclaffent et l’invectivent violemment, « Tu nous as fait du riz balsamique ! » lâche son coéquipier au SBA) Bon enfin.. J’ai aidé à cuire les saucisses, mais je n’ai rien à voir dans le fait que tout le monde a été bambouté (NDLR : être victime d’un coup de bambou) après ! Bref je ne suis ni déçu ni satisfait de ma saison estivale puisqu’elle n’existe pas. C’est fort dommage car je me sentais bien, je pensais pouvoir améliorer mes marques sur 400-800 et 1500, tout en figurant bien en triathlon. J’avais annoncé à BN que j’allais le faire sauter à vélo après avoir mis la patte dans le lait (NDLR : nous avons eu beau chercher dans le dictionnaire nous n’avons pas trouvé le sens de cette expression) en Espagne. J’ai été présomptueux il semblerait… Je me suis métamorphosé en petit bonhomme en mousse.

TRC : Vous parlez beaucoup de votre blessure mais vous avez pourtant réalisé une belle saison hivernale !

AP : Je parle beaucoup de cette blessure parce qu’elle me prend la tête ! Quand je vois mes amis faire des gros tempo run et gicler sur le tartan… Ça me fait mal. J’essaye même de les en détourner en organisant des soirées les veilles de compétition… Peine perdue. Alors oui j’ai pu reprendre le vélo et la natation, je me suis remis à borner mais il me manque toujours quelque chose… Et c’est d’autant plus dur que oui je suis satisfait de ma saison hivernale ! J’ai envie de casser un mur quand j’y pense… Deuxième saison de cross, déjà une qualification aux championnats de France avec les copains après avoir distancé mon rival Justin Dourlance… Je n’ai même pas eu besoin qu’il se blesse pour passer. Je me sentais plus fort que jamais, peut-être trop fort. Après avoir passé une nuit dans un obscur formule 1 en bordure du Mans avec François Person aux inter régionaux je pensais que la malchance était derrière moi. Ça devait être mon année. J’avais même acheté une tenue complète Nike pour l’occasion. Raté…

TRC : Comment arrivez vous à vous entraîner à la fois en triathlon et en athlétisme, n’est-ce pas chronophage ?

AP : Vous savez j’ai un travail qui est prenant. Pas besoin de NDLR, je vous le dis tout de go : je suis ingénieur chez Orange. D’ailleurs je peux vous faire profiter de forfaits à prix très intéressants, par exemple… (Il cherche sur son GSM) Bon là j’ai grillé mon forfait internet (Nous lui faisons remarquer que nous sommes le 10 du mois), oui oui je sais mais c’était pour regarder la rediffusion du meeting de… où concourait mon idole Benoit Barré. (Ses colocataires s’esclaffent et semblent nous indiquer qu’il y aurait d’autres raisons à cette utilisation abusive de la 4G…) Bref. J’ai un emploi prenant mais du fait de mon expertise technique accrue j’arrive à me dégager du temps pour m’entraîner sérieusement, et surtout pour récupérer. En fait c’est ça le plus important quand on pratique deux sports à bon niveau. Pour moi il est non négociable de dormir moins de 9h par nuit. Je rentre également chaque midi afin de réaliser une sieste d’1h qui me permet de gagner en efficacité dans mon travail et en puissance à l’entraînement. Le sommeil est le secret de ma giclette. C’est la première fois que je confie cela, habituellement je n’aime pas trop donner de conseils car ils pourraient profiter à mes concurrents. Mais c’est une question qui revient souvent, ce sujet sur la conciliation 800m/triathlon. En réalité je dois avouer que le triathlon j en fais car j’adore tout le matériel qu’il y a autour (surtout les zipp, je suis fétichiste des roues de vélo). J’aime bien aussi courir avec des lunettes Oakley, et en Athlé c’est pas hyper bien perçu, alors que là c’est la base : si tu n’en as pas on peut te refuser sur la ligne de départ. C’est cette atmosphère qui me plait, je me sens moi-même.

TRC : Qu’est-ce qui est le plus important selon vous pour réussir dans le sport à haut niveau ?

AP : Être bien équipé. C’est PRIMORDIAL. Je ne comprends pas quand je vois des mecs arriver au stade en Kalenji. Il ne faut pas qu’ils s’étonnent ! Ou pire : avec une tenue dépareillée… Un haut Nike un bas Asics et des chaussures Adidas pour moi c’est interdit. C’est juste pas possible. Tout doit être assorti jusqu’aux chaussettes ! Ce n’est pas par hasard que l’on m’a surnommé « le Karl Lagerfeld du tartan » (NDLR : selon nos informations, le surnom réel serait « le Christina Cordula des seuillards »). Moi je veux réussir, et je n’hésite pas à mettre le prix. Vous voyez cette veste du Brésil Olympique ? Je suis un des rares non athlète Brésilien à l’avoir. Je l’enferme dans un coffre-fort chaque soir avant de me coucher : vous n’avez pas idée des convoitises qu’elle suscite dans le milieu. Je refusé catégoriquement que quelqu’un d’autre que moi la touche. Une veste pareille c’est comme une cousine ou un vélo : ça ne se prête pas. Et n’écoutez pas ces envieux qui disent que c’est une fausse et que je me suis fait arnaquer ! (NDLR : Benjamin Raffard tousse bruyamment) Mon but est d’acheter tellement de produits Nike qu’ils finissent par croire qu’ils me sponsorisent et que ça devienne vrai.

TRC : Quels sont vos objectifs futurs, qu’est-ce qui compte le plus pour vous ?

AP : Revenir en forme, afin de gicler à nouveau sur la piste, step by step (sic). C’est un long chemin de croix mais je reviens petit à petit. J’ai vraiment hâte de pouvoir à nouveau envoyer sur des séances de lactique comme des 600-400-200 à fond, jusqu’à vomir mon riz balsamique et mes Ovomaltine. Ensuite j’aimerais pouvoir acquérir de nouveaux accessoires pour mon vélo, je n’ai pas trop eu le temps récemment. C’est ce qui compte le plus pour moi. Mon vélo c’est ma vie. Un autre objectif pour moi est de trouver l’amour cette année. En tant qu’athlète de haut niveau je ne cache pas que je plais à beaucoup de femmes, et j’essaye de répondre à toutes leurs attentes. Ce n’est pas évident de parler à une dizaine de demoiselles à la fois vous pouvez me croire… Heureusement sur Messenger on peut copier coller les messages, c’est pratique c’est un vrai gain de temps ! (NDLR : Un « AP le dérangeant ! » fuse dans l’appartement, Antoine s’agace et se met à bouder, nous devons stopper l’interview)

Ceci est bien entendu une interview décalée… 🙂